Un rapport publié en octobre 2014 met en lumière l’existence d’une forme de malnutrition encore appelée « faim invisible ». (Rapport La Faim globale 2014 de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (International Food Policy Research Institute ou IFPRI)
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Le calcul usuel de la famine dans le monde montre que celle-ci a diminué de 39% depuis 1990 (taux corrigé en fonction de l’augmentation de la population mondiale). Selon l’IFPRI, c’est encourageant : l’évolution se rapproche ainsi des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD, Millennium Development Goals) établis en 2000 par 193 États et 23 organisations internationales qui visaient une diminution de 50% entre 1990 et 2015.
Cependant, il reste encore 805 millions de personnes soufrant de la faim au sens classique du terme (données FAO).
Et surtout, 2 milliards de personnes, soit 2,5 fois plus, soufrent d’une « déficience de micronutriments » (fer, iode, vitamine A, zinc, etc.), principalement en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud.
Les effets sont souvent inobservables à court terme mais ils agissent sur la mortalité maternelle et infantile, sur les déficiences du système immunitaire, sur les capacités physiques et sur les facultés intellectuelles. L’espérance de vie de ces personnes en est affectée ce qui entraine des problèmes de développement pour les pays concernés.
Les auteurs du rapport écrivent que « cette pénurie en vitamines et minéraux essentiels peut avoir à long terme des effets irréversibles sur la santé et des conséquences socio-économiques pouvant éroder le bien-être et le développement d’une personne.
En affectant la productivité des personnes, elle peut également gréver les économies des pays. »
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D’un point de vue économique, la faim invisible peut coûter à un pays entre 0,7 et 2 points de PIB.
Le rapport préconise donc de prendre en compte dans le débat sur la lutte contre la famine et la malnutrition, le taux de sous-alimentation des populations.
Enfin, l’IFPRI souligne que la Révolution verte des années 1960-1990 a fait baisser « les prix de féculents par rapport aux prix de produits alimentaires non essentiels [mais] riches en micronutriments, comme les légumes et les légumineuses […] rendant les aliments riches en micronutriments moins attrayant pour les populations pauvres. »
Néanmoins, les experts ont quelques idées de solutions : intégration des micronutriments par les industriels dans la phase de transformation des aliments, « bio-renforcement » consistant à créer par la génétique des aliments plus riches en micronutriments, etc.
« L’élimination de la faim invisible ne sera pas facile. Il y a des défis à relever. Mais si suffisamment de ressources sont allouées, si les bonnes politiques sont développées, et les bons investissements réalisés, ces défis peuvent être surmontés. »
Source : Science et Vie