Bonjour Gabriel Haguet, Vous êtes fils d’agriculteurs, ancien technicien agricole en viande bovine pour Bretagne Viande Bio, et depuis toujours passionné par la biodiversité. Aujourd’hui, vous êtes paysan et gérant de la ferme “Mettre oeufs et bœufs dans le même panier” à Plouyé dans le Finistère. Depuis combien de temps êtes-vous installé ?
Depuis plusieurs années, j’avais la volonté de m’installer et d’élever des bêtes. C’est en juin 2020 que tout a commencé, lorsque que j’ai acquis un terrain de 10 hectares, proche de chez moi, où j’ai pu me lancer dans l’aventure paysanne… sans aucun regret !
Quelles activités pratiquez-vous sur ce terrain ?
Sur ces 10 hectares, j’ai choisi de réaliser 3 activités distinctes mais qui fonctionnent les unes avec les autres. Passionné par la nature et les bêtes, l’élevage de bovins fut rapidement pour moi une certitude. Une dizaine de vaches allaitantes et un taureau de race Aubrac sont élevés en pâturage sur les prairies naturelles pendant les beaux jours. Les veaux sont ensuite castrés et élevés jusqu’à devenir des bœufs, pour être proposés 2 ou 3 ans plus tard à la transformation par les fabricants de viande bovine en circuit court. La filière est en cours de conversion “bio” afin que la viande soit labellisée l’année prochaine.
Ma deuxième activité est issue d’un constat observé sur mon territoire : aucune vente d’œufs issus d’agriculture biologique n’existait dans les environs. Je me suis alors lancé dans l’élevage de 150 poules pondeuses bios, produisant 700 œufs par semaine. Les poules sont dites “de réforme”, c’est-à-dire qu’elles ne pondent plus assez pour les élevages industriels et qu’elles peuvent être récupérées par les particuliers. Ces poules vivent en extérieur le plus possible, dans un verger, et se nourrissent de végétaux et insectes présents dans le sol ou sur les troncs des pommiers.
Enfin, ma troisième activité est la vente de fruits (pommes pour le moment).
Votre ferme est en polyculture-élevage, que cela signifie-t-il ?
Une ferme en polyculture-élevage est une ferme qui combine plusieurs activités sur un même terrain afin d’obtenir des intéractions bénéfiques entre les espèces. Pour moi, il est important de ne pas exploiter les sols mais de reproduire le fonctionnement naturel de la biodiversité. Par exemple, il y a une interaction bénéfique entre les poules et les arbres fruitiers sur le terrain : les poules, qui aiment vivre dans un espace boisé, entretiennent le verger en mangeant les parasites des troncs et nourrissent le sol grâce à leurs excréments. Tout le monde s’y retrouve, sans forcer les choses.
Le respect de l’environnement et l’économie d’énergie sont des thématiques qui vous tiennent à cœur. Pouvez-vous nous parler de votre dernière construction éco-conçue pour vos poules ?
Oui en effet, j’ai construit moi-même deux bâtiments en bois avec des toits végétalisés pour accueillir les poules l’hiver. Le toit végétalisé permet une isolation et une échantéité naturelles permettant une économie d’énergie considérable et une création de biodiversité. Afin que ce toit ne me demande pas d’entretien, j’ai choisi des plantes de rocaille, assez robustes, résistantes au froid et à l’absence d’humidité.
Où peut-on trouver vos produits ?
Les œufs frais sont vendus en vente directe à l’épicerie paysanne “Demain en main” et au marché de Huelgoat. Je réalise également des livraisons selon les commandes tous les vendredis pour les magasins et les consommateurs particuliers. De plus, depuis un an, je fournis toutes les semaines des œufs bios à la cantine scolaire de Huelgoat. Quant aux pommes à couteau, je les vends sur les marchés ou via des grossistes qui peuvent les conserver plus longtemps dans de bonnes conditions.
En revanche, mes vaches et mes veaux sont encore trop jeunes pour être valorisés : encore quelques mois de patience !