Bonjour, Dominique Plan ; vous et votre mari, Patrick, êtes devenus aujourd’hui, avec Marinoë, les spécialistes de l’algue alimentaire biologique. Pouvez-vous nous raconter les origines de votre histoire qui remonte à 1992 ?
Il y a 30 ans, nous nous sommes d’abord positionnés comme aquaculteurs. Notre idée était de produire des semences et de créer des écloseries d’algues afin de développer des forêts sous-marines. Notre but était de favoriser la pérennité de l’écosystème sous-marin côtier afin de lutter contre l’érosion, de préserver la ressource en poissons et de soutenir ainsi la petite pêche côtière. Inciter les pêcheurs à ensemenser eux-mêmes afin d’attirer les espèces de poissons herbivores et d’initier un cercle vertueux de préservation de l’océan : le concept était très innovant et visionnaire sur le long terme !
Nous étions bercés à l’époque par les idées de défense de l’océan portées par des personnages comme Jacques Rougerie, Joël de Rosnay ou Hugo Verlomme ; passionnés de surf, issus de cette culture maritime et portés par l’envie de rêver la mer autrement, nous avions un peu plus de 20 ans et rêvions d’un monde meilleur ! Mais nous étions peut être trop précurseurs et cela n’a pas “pris” comme nous l’espérions.
Afin de mieux faire avancer notre idée, il fallait déjà mieux faire connaître et reconnaître notre produit phare : l’algue ! Nous avons donc pris le problème par l’autre bout et tenté de “faire aimer” les algues. A défaut d’en développer l’agriculture, nous avons cherché à en développer la culture, le goût en la proposant comme aliment : la marque Marinoë est née il y a tout juste 30 ans !
30 ans après, les algues vous paraissent-elles toujours comme une solution d’avenir ?
Plus que jamais !! Aujourd’hui ces valeurs et ces enjeux sont beaucoup plus d’actualité auprès du public : il a fallu des pionniers et des précurseurs et tant mieux si le message de préservation harmonieuse des ressources de l’océan passe enfin : il y a tout un monde à créer et à inventer, fondé sur cette ressource durable et saine !
Comme le pétrole (qui est en fait composé d’algues fossilisées) a pu être la base sur laquelle s’est construite toute notre civilisation post-industrielle actuelle, les algues peuvent aussi être à la base d’une nouvelle civilisation. Elles offrent en effet des usages comparables au pétrole (matériaux, polymères, combustible) mais bien au-delà dans les domaines de la médecine, de l’alimentation… Sources de prévention du vivant et de la chaîne alimentaire, les algues sont en effet toutes comestibles et surtout renouvelables à l’infini !
On peut envisager leur culture pour pallier les manques à venir en terme d’alimentation : comme on peut les cultiver sous toutes les latitudes, dans tous les océans, qu’elles sont sources de protéines et d’oligo-éléments et se consomment crues ou cuites, on pourrait imaginer les cultiver sur les côtes de régions menacées par les famines ou les carences alimentaires comme en Afrique. Au-delà de la consommation locale, leur simple culture peut devenir source de revenu.
C’est dans cette optique que nous cherchons avec nos petits moyens à innover et à être pionniers afin de proposer des solutions autour de ce produit aux ressources infinies que sont les algues !
Quelles sont les activités de votre entreprise et comment innovez-vous ? Quelle est la part de Bio de vos produits ?
Aujourd’hui, Marinoë maîtrise ses produits depuis les semences jusqu’à la mise sur le marché de consommables alimentaires finis : elle a une compétence transverse. Nous avons nous-même contribué à créer le cahier des charges “Biologique Européen” du secteur de l’aquaculture (qui garantit des algues alimentaires cultivées et récoltées à la main dans des zones d’eaux françaises saines, délimitées et certifiées par les organismes de contrôle agréés), nous valorisons nos algues avec des techniques de transformation douces et respectueuses sur nos trois sites de production.
Le 1er, historique, est à Lesconil (29), spécialisé dans la réception de la matière première brute et les premières étapes de conservation (lavage, salage ou déshydratation). Il faut savoir que plus on intervient rapidement après la récolte, meilleur est le produit. Comme pour les végétaux terrestres !
Les algues sauvages que nous travaillons viennent essentiellement de Bretagne, notre principal cueilleur est à Molène. Comme pour les plantes terrestres, il y a une saisonnalité pour les algues et les récoltes dépendent beaucoup de la météo, des vagues, de l’ensoleillement, de la quantité d’eau douce qui tombe…
Le deuxième site, à Lanmodez, dans les Côtes d’Armor, est spécialisé dans la mise en bocaux, il existe depuis 20 ans et 4 personnes y travaillent. C’est là que sont réalisées les recettes des haricots de mer, pickles ou tartares et leur mise en bocaux avec stérilisation.
Notre troisième site, situé à Crédin, près de Pontivy (Morbihan), existe depuis 3 ans, nous y produisons les recettes de tartinables, de houmous et de salade d’algues. Notre produit phare est le tarama végétal le Taramalg, une émulsion de protéines et d’algues fumées qui a à 100% le goût d’un tarama traditionnel d’œufs de poisson : à goûter si vous ne connaissez pas !
Et comme nous cherchons toujours de nouvelles pistes, depuis 3 ans, nous développons aussi, suivant des principes de recyclabilité, une petite ferme, dédiée à une algue verte peu valorisée car compliquée à récolter, une variété de laitue de mer que nous utilisons dans des recettes de soufflé de riz. Tenter de cultiver les algues en bassin permet de proposer un niveau de qualité optimum du produit, même en poussant les quantités.
La gamme de vos produits est large : que conseillez-vous et par quoi commencer quand on n’y connaît rien aux algues ?
Les produits que nous proposons sont plus ou moins transformés et vous permettent de laisser libre cours à vos talents de cuisinier. Mais vous pouvez commencer par apprécier une recette élaborée par notre labo et validée par les consommateurs, comme nos tartares d’algues maison qui ont beaucoup de succès. Il faut se lancer la première fois : mais les gens qui goûtent sont immédiatement convaincus !
Nous proposons des algues conservées au sel en barquette prêtes à cuisiner après rinçage ; des algues déshydratées qui reprennent forme après trempage dans l’eau, ainsi que des flocons qui se réhydratent en cours de recette en les ajoutant au produit cuisiné (sauce, soupe…), comme nos produits plus élaborés (tartinables, salades d’algues, desserts vegan, chips d’algues, pesto…), ils sont distribués dans les épiceries fines, et plus de 25 magasins bios. Nous avons notre propre boutique à Lesconil depuis 20 ans et ouvert très récemment l’Épicerie iodée au Guilvinec.
Notre site Internet http://marinoe.fr/ détaille dee très nombreuses idées d’usage et de recettes autour des algues, et sur les réseaux sociaux nos pages Facebook et Instagram sont alléchantes : https://www.facebook.com/epicerieiodee/ et https://www.facebook.com/AlguesMarinoe.Il est aussi possible de commander en ligne grâce au bon de commande, par mail à infos@marinoe.fr ou par téléphone au 02.98.82.26.56.